Au cœur des législatives, les promesses électorales sur le prix de l’énergie s’intensifient ! Depuis 2021, les factures de gaz, d’électricité et de carburant des Français n’ont cessé de s’alourdir. La reprise économique post-pandémie, l'inflation et les tensions géopolitiques en Ukraine ont largement contribué à ces augmentations. Mais concrètement, pourquoi et comment ces facteurs influencent-ils les tarifs ? Quelles mesures prévoit le gouvernement pour protéger les consommateurs ? Obtenez des réponses, avec KparK Énergies.
Inflation en baisse : pourquoi une hausse du prix de l'énergie ?
Selon la Commission européenne, l'inflation en zone euro devrait diminuer plus que prévu en 2024, tombant à 2.8% malgré les tensions géopolitiques. Cette désinflation pourrait stabiliser les coûts de production et de distribution de l'énergie, modérant ainsi les hausses de prix de l'électricité et du gaz. Cependant, paradoxalement, le prix du gaz a augmenté de près de 12 % en juillet. Quant au prix de l’électricité, il demeure à un niveau historiquement haut ! Mais pourquoi les prix de l’énergie continuent-ils d’augmenter malgré ce contexte favorable à la baisse ?
Pourquoi le prix de l’électricité continue-t-il d’augmenter ?
Bien que l'inflation diminue, les prix de l'électricité augmentent toujours en raison de différents facteurs ;
- Coûts de production élevés. La hausse des prix des matières premières fossiles telles que le gaz naturel et le charbon a un impact direct sur le prix de l’électricité sur les marchés internationaux de l’énergie ;
- Entretien et maintenance des centrales nucléaires. En 2022, la production d’électricité nucléaire a atteint son niveau le plus bas depuis 1988. Cette situation était due à l'arrêt de plusieurs réacteurs et à la découverte de fissures sur les circuits de refroidissement de la centrale de Civaux. Depuis, la disponibilité du parc nucléaire s’est améliorée (+14,7 % en 2023), mais elle reste inférieure à celle de 2021 ; (1)
- Développement des énergies renouvelables. Bien qu’essentiels pour assurer la transition énergétique de la France, les investissements pour développer les énergies renouvelables, comme l'éolien et le solaire, nécessitent des coûts d’investissement importants ;
- Taxes et charges environnementales en hausse. L'accise sur l’électricité, qui regroupe la Taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE), la Taxe départementale sur la consommation finale d’électricité (TDCFE) et la Taxe communale sur la consommation finale d’électricité (TCCFE) a été relevée à 21 €/MWh. De 2022 à janvier 2024, elle avait été maintenue à 1 €/MWh grâce au bouclier tarifaire du gouvernement.
Limites des marchés de gros : principale cause des hausses de prix
Introduits dans les années 90, les marchés de gros de l'énergie sont nés des réformes de libéralisation du secteur de l’énergie en Europe et aux États-Unis. Aujourd’hui, certains économistes et politiciens remettent en question ce système. Pourquoi ?
Objectifs et défis des marchés de gros de l’énergie
Le rôle des marchés de gros de l’énergie est multiple : (2)
- Créer un environnement concurrentiel, en supprimant les monopoles et en permettant à plusieurs acteurs de participer à la construction des marchés internationaux de l’énergie.
- Améliorer l'efficacité économique, en optimisant la production d'électricité et l'utilisation des ressources disponibles.
- Garantir des prix transparents et compétitifs, en centralisant les transactions et en aidant les consommateurs à réduire leurs factures énergétiques.
- Assurer la sécurité d’approvisionnement, en équilibrant l’offre et la demande, notamment en période de pointe ou de crise.
- Faciliter l’intégration des énergies renouvelables, en gérant les intermittences de production et en incitant les investisseurs à améliorer nos capacités de production et de distribution.
Remise en question de ce fonctionnement en 2024
Pour répondre à la demande énergétique globale, les fournisseurs d’énergie achètent de grandes quantités d’énergie sur les marchés de gros. Tous les moyens de production sont alors mobilisés, en commençant par les énergies les moins chères et polluantes :
- Énergies renouvelables (éolien, solaire photovoltaïque et thermique, etc.).
- Nucléaire.
- Hydroélectricité.
- Énergies fossiles (gaz, fioul et charbon).
Cependant, c’est l’énergie la plus chère et polluante qui détermine le prix final. En d’autres termes, un kWh solaire se vend au même prix qu’un kWh de charbon ou de gaz, bien que son coût de production soit nettement plus faible. Autrefois, le prix était indexé sur le tarif du charbon. Mais, comme le prix du gaz naturel a été multiplié par 20 en l’espace de 2 ans, il est devenu le prix de référence du marché de gros. En somme, lorsque l’énergie fossile était abordable, l’électricité l’était aussi. Ce n’est plus le cas aujourd’hui !
Impacts des tensions géopolitiques sur les prix de l’énergie
Les tensions géopolitiques, exacerbées par la guerre en Ukraine, ont profondément perturbé les marchés de l'énergie, engendrant une forte volatilité des prix. Depuis 2022, l'Europe a considérablement réduit ses importations de gaz russe, passant de 40 % en 2021 à 8 % fin 2023. (2) Cette situation a nécessité une réorganisation majeure des flux énergétiques, incluant une augmentation des importations de gaz norvégien pour la France. Toutefois, ces mesures n'ont pas suffi à combler la demande croissante. De plus, l'arrêt d'un gazoduc norvégien le 3 juin dernier en raison d'un problème technique a induit une hausse moyenne de 10 % du prix du gaz naturel.
Parallèlement, la crise en mer Rouge, un haut lieu du commerce maritime, a également eu un impact sur les prix de l’énergie. Des incidents maritimes avaient temporairement bloqué ce passage stratégique, perturbant les livraisons de pétrole et de gaz liquéfié. Cela avait entraîné une augmentation des coûts logistiques des compagnies maritimes, contraintes de réaliser des détours.
Ces tensions mettent en évidence la vulnérabilité du système énergétique actuel. Elles ont également eu des répercussions sur le prix de l'électricité en raison de leur interconnexion, comme expliqué précédemment.
Quelles mesures de l’État pour limiter la hausse de prix ?
Pour limiter la hausse des prix de l'énergie en France et en Europe, plusieurs mesures ont été instaurées.
Le bouclier tarifaire : suite et fin
Le bouclier tarifaire, mesure de protection du pouvoir d’achat, plafonne les augmentations du tarif de l'électricité et du gaz naturel. Pour le gaz, il a pris fin en juin 2023, entraînant un retour du prix de l’accise à son taux normal, et donc une augmentation de son coût. Concernant l’électricité, la fin du bouclier tarifaire sera progressive, programmée pour février 2025.
La réforme des marchés de gros de l’énergie
Adoptée en mars 2024 par le Conseil de l'Union européenne, cette nouvelle législation améliore la surveillance des marchés de gros de l'énergie et apporte des sanctions contre les abus. Ainsi, les nouvelles règles visent à : (2)
- Faciliter l’intégration des énergies renouvelables d’ici 2030 dans le mix énergétique ;
- Renforcer la régulation des transactions ;
- Offrir plus de choix aux consommateurs en matière de contrats d'électricité ;
- Assurer une meilleure stabilité des prix pour les entreprises.
Le programme REPowerEU
Le programme REPowerEU s'engage à réduire la dépendance au gaz russe d'ici 2030. À cet effet, il prévoit d'augmenter les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) et de gazoducs provenant de fournisseurs non russes comme les États-Unis et la Norvège. Il favorise également le développement du biométhane et de l'hydrogène. (3)
Parallèlement, ce programme promeut une réduction significative de la consommation de gaz grâce à des mesures d'efficacité énergétique renforcées. L'UE a mobilisé près de 300 milliards d'euros pour soutenir les énergies renouvelables, particulièrement le solaire photovoltaïque made in Europe.
Les aides financières
Le gouvernement a élaboré toute une panoplie d’aides financières pour permettre aux ménages français d’améliorer la performance énergétique de leur logement, et de réduire leur dépendance aux énergies fossiles :
- Le Chèque énergie. Il est envoyé automatiquement aux ménages aux revenus modestes. Il peut être utilisé pour payer des factures d’énergie ou des travaux de rénovation énergétique ;
- Les aides à la rénovation (MaPrimeRénov’, certificats d’économies d’énergie, etc.). Cela inclut l'isolation thermique et l’installation d’un système de chauffage performant et écologique, comme une pompe à chaleur air-eau, un chauffage au bois, ou encore un chauffe-eau thermodynamique.
(1) Source : Chiffres clés SDES du ministère de la transition écologique.
(2) Source : Commission de régulation de l’énergie (CRE).
(3) Source : Commission européenne.