Changement des heures creuses : bonne ou mauvaise nouvelle ?

Publié le 17/06/2024 à 14:07, mis à jour le 28/06/2024 à 10:16
Actualités
ACTUALITÉS

Vous faites partie des 15 millions de Français à avoir choisi l’option tarifaire des heures creuses ? Préparez-vous à adapter vos habitudes de consommation électrique, de jour comme de nuit ! Une nouvelle réforme visant à ajuster les plages horaires de cette offre historique est en cours de discussion. Pourquoi ce projet est-il envisagé ? Quelles seront les répercussions sur le prix du kWh d’électricité et de l’abonnement ? Pour quand ce changement est-il prévu ? Avec KparK Énergies, c’est l’heure des révélations ! 

Comment fonctionne l’option heures creuses ? Petit rappel

Actuellement, 2 principales options d’abonnement sont disponibles pour gérer au mieux votre consommation électrique : le tarif de base ou les heures pleines/heures creuses. Avant de vérifier si la prochaine réforme pourrait vous faire réaliser des économies sur votre facture d’électricité, rappelons les quelques règles essentielles de ces offres.

Option base ou option heures creuses : le jour et la nuit

Lors de la souscription de votre contrat d’électricité auprès d’un fournisseur d’énergie (EDF, Engie, Ekwateur, Ilek, etc.), un choix vous est proposé selon le type et l’usage de vos appareils électriques :

  • L’option base, avec un tarif unique du kWh tout au long de la journée ;
  • L’option heures pleines/heures creuses, avec un tarif différencié selon les périodes de la journée. Concrètement, vous payez l’électricité plus chère pendant les heures pleines et profitez d’un prix réduit pendant les heures creuses. 

Bon à savoir

C’est Enedis, le gestionnaire du réseau électrique en France, qui définit les heures creuses. Toutefois, selon les contraintes locales, les plages horaires peuvent varier d’une commune à l’autre. Environ 60 % des clients bénéficient de l’option heures creuses, qui est toujours fixée pour une durée de 8 heures continues ou discontinues, généralement situées entre 20 heures et 8 heures.(1)

Dans quels cas l’option heures creuses est-elle intéressante ?

L’option tarifaire heures pleines/heures creuses s’avère justifiée et bénéfique si vous réunissez au moins l’un ou plusieurs des critères suivants :

  • Vous êtes équipé de radiateurs électriques ou d’une chaudière électrique dont le fonctionnement peut être différé pendant les heures creuses ;
  • Votre mode de production d’eau chaude sanitaire est électrique (chauffe-eau thermodynamique ou cumulus électrique programmable) ;
  • Vous disposez d’appareils électriques récents et programmables, tels qu’un lave-linge, un lave-vaisselle, un four à pyrolyse, etc.
  • Vous utilisez une voiture électrique, que vous pouvez recharger la nuit ;
  • Vous vivez dans une maison ou un grand appartement. Plus l’habitation est petite, moins votre consommation d’énergie est élevée, et donc moins cette offre est intéressante pour vous ! 
Heures creuses

Bon à savoir

Si vous parvenez à concentrer 50 à 60 % de votre consommation d’électricité durant les heures creuses, cette option peut s’avérer rentable pour vous. Pour en avoir le cœur net, demandez une simulation à votre fournisseur d’énergie ! 

Pourquoi cette réforme des plages horaires des heures creuses ?

Jusqu’à présent, l’option heures creuses avait un objectif précis : offrir un prix attractif durant les périodes de faible consommation d’électricité en France. En incitant les consommateurs à ajuster leur usage de l’électricité, cette option permettait de réguler les flux énergétiques, évitant les pics de demande et la panne générale d’électricité !

 

Cependant, nos habitudes de consommation ont évolué, rendant parfois difficile la corrélation entre l’offre et la demande. C’est pourquoi la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a recommandé à Enedis de déplacer les heures creuses en journée. Selon les dires d’Emmanuelle Wargon, présidente de la CRE, le 17 mai dernier : « Il faut mettre en cohérence les tarifs et les capacités de production. »

 

Qu’est-ce qui a changé dans notre mode de consommation ?

Plusieurs facteurs expliquent ce besoin de révision des horaires des heures creuses :

  • Les vagues de chaleur estivales des années précédentes ont incité de nombreux foyers à installer des pompes à chaleur ou des climatiseurs, entraînant une augmentation de la consommation électrique en journée ;
  • Les périodes de froid prolongé ont intensifié l’utilisation du chauffage, notamment électrique ;
  • Le déploiement des véhicules électriques pourrait engendrer des pics de consommation en fin de journée lors des recharges ;
  • Certains chauffe-eaux très performants de type thermodynamique voient leur efficacité diminuer lorsque la température de leur source (air intérieur ou extérieur) baisse, ce qui se produit souvent pendant les heures creuses. Ce constat est également valable pour les pompes à chaleur aérothermiques (PAC air-air ou air-eau).

 

Une réforme pour tirer parti de l’énergie solaire en plein essor

Une révolution est en marche ! Dans le cadre de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), l’État mise fortement sur l’énergie solaire photovoltaïque pour produire une électricité décarbonée d’ici 2030. De plus, le prix des panneaux solaires est actuellement très bas, ce qui favorise leur déploiement rapide et à grande échelle.

 

Comme le souligne Yannick Jacquemart, directeur Nouvelles flexibilités chez RTE (Réseau de transport de l’électricité) : « On a tous appris que l’électricité était moins chère la nuit, mais le photovoltaïque, qui arrive de façon très abondante en Europe, crée un changement de rythme dans le système électrique tout entier. »

 

En effet, les panneaux solaires produisent de l’électricité en journée, et non pendant les heures creuses. Par conséquent, un surplus d’énergie électrique est généré pendant les heures diurnes. Alors, plutôt que de recourir à des batteries de stockage coûteuses, l’idéal reste encore de consommer cette énergie au moment même où elle est produite. C’est donc dans cette perspective que s’inscrit la réforme. 

Heures creuses

Comment vont évoluer les heures creuses et les tarifs ?

« L’objectif est d’arriver à un schéma dans lequel il y aurait des heures creuses à la mi-journée en été et la nuit en hiver », explique Emmanuelle Wargon. À ce jour, rien n’est véritablement acté ! Toutefois, plusieurs éléments semblent se confirmer !

  • Adaptation saisonnière des heures creuses. En hiver, il n’y aurait pas de changement de la plage horaire. En revanche, en été, elle pourrait être déplacée en journée, probablement de 11 heures à 17 heures, pour coïncider avec les pics de production solaire.
  • Prix du kWh d’électricité plus attractif. Les tarifs des heures creuses deviendraient encore plus avantageux pour encourager les clients actuellement en option base à opter pour cette formule d’abonnement, si celle-ci convient mieux à leurs usages.
  • Simplification des offres tarifaires. Les offres des fournisseurs d’énergie seraient simplifiées pour faciliter la compréhension des contrats et les démarches.
  • Nouvelle tarification pour le stockage. Un tarif optionnel pour les systèmes de stockage d’électricité (batteries) serait introduit. Ce dispositif récompenserait les ménages qui contribuent à réduire leur consommation énergétique pendant les pics de demande, en allégeant une partie des taxes de leur facture d’électricité.(2)

En somme, ces ajustements visent à optimiser l’utilisation de l’énergie renouvelable et à proposer des tarifs plus intéressants pour tous les consommateurs d’électricité, tout en simplifiant le système de tarification.

Quand la réforme des heures creuses sera-t-elle mise en place ?

La réforme des heures creuses s’inscrit dans le cadre de la révision du « TURPE 7 » (Tarif d’utilisation du réseau public d’électricité) qui sera appliqué à partir du 1er août 2025. Cependant, la mise en œuvre des nouvelles heures creuses sera progressive, probablement étalée sur plusieurs années. Le calendrier détaillé de la réforme sera précisé à la fin de 2024 ou au début de 2025, après une consultation publique prévue pour fin septembre/début octobre 2024.(2)

 

(1) Source : ENEDIS, gestionnaire du réseau d’électricité.
(2) Source : CRE (Commission de régulation de l’énergie).