La station avant-gardiste de production d’hydrogène vert, H2 Créteil, verra le jour en 2025. Cette centrale, la plus grande et puissante de France, produira et distribuera dès son lancement une tonne d’hydrogène renouvelable par jour. En utilisant l’électricité générée par l’Unité de valorisation énergétique (UVE) à partir de déchets, H2 Créteil s’impose comme un exemple emblématique de la transition énergétique. KparK Énergies vous invite à découvrir tous les détails de ce projet hors norme.
H2 Créteil : un projet d’hydrogène vert d’envergure
La station H2 Créteil va redéfinir les standards de l’hydrogène vert en France ! Avec sa capacité de production remarquable et sa méthode d’électrolyse innovante, elle redessine les contours du paysage énergétique. Mais qui est derrière cette initiative, en quoi est-ce un projet pertinent, et quels en sont les objectifs ?
Qui est à l’origine de ce projet ?
Le projet de station d’hydrogène vert à Créteil est le fruit d’une alliance stratégique entre plusieurs acteurs de l’énergie, qui ont ensemble créé la société « H2 Créteil » :
- SEM SIPEnR (Société d’économie mixte pour le service intercommunal de production d’énergies renouvelables), qui apporte une participation financière et son expertise en montage juridique ;
- Groupe SUEZ, leader mondial de la gestion de l’eau et des déchets, qui pilote la construction du site de production, et fournit le terrain, l’eau et l’électricité renouvelable ;
- La banque des Territoires, une entité créée par la Caisse des Dépôts, qui complète le financement via le programme « CEF Transport alternative fuels infrastructure facility » de la Commission européenne.
Le projet bénéficie également du soutien de l’Union européenne, de la Région Île-de-France et de l’ADEME (Agence de la transition écologique).
Bon à savoir
Le programme CEF (Connecting Europe Facility), ou MIE (Mécanisme pour l’interconnexion en Europe), finance le développement d’infrastructures dans les secteurs du transport, de l’énergie et du numérique. Il favorise la mobilité durable, les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, ainsi que les solutions de connectivité à haut débit (5G) et d’interconnexion à l’échelle publique et transfrontalière.
Un hub stratégique pour l’hydrogène vert
Le projet H2 Créteil vise à produire de l’hydrogène renouvelable en exploitant la production d’électricité verte, issue de l’Unité de valorisation énergétique (UVE) des déchets. Cette approche ingénieuse optimise l’exploitation des ressources tout en créant une synergie durable entre la gestion des déchets et la production d’énergies propres et locales.
De plus, ce site bénéficie d’une situation géographique stratégique, à proximité immédiate de grands axes routiers comme l’A86, la RN6 et la RN406, ainsi que de plusieurs zones commerciales. Sa localisation à une douzaine de kilomètres de Paris en fait un emplacement idéal pour le développement de la mobilité hydrogène dans la région.
Bon à savoir
Une Unité de valorisation énergétique (UVE) est une installation industrielle qui incinère les déchets non recyclables pour générer de la chaleur et de l’électricité.
Vers une décarbonation de l’énergie : les objectifs de H2 Créteil
H2 Créteil est un projet ambitieux aux objectifs clairs !
- Produire 1 tonne d’hydrogène renouvelable par jour dès 2025, en utilisant 10 % de l’électricité verte générée par l’UVE de Créteil.
- Alimenter en hydrogène une ligne de bus de la RATP, puis étendre la desserte aux bennes à ordures ménagères et autres véhicules utilitaires, de transport de marchandises et de personnes.
- Proposer un hydrogène à des coûts très compétitifs, pour les exploitants de véhicules.
- Contribuer aux objectifs climatiques et énergétiques régionaux, notamment dans le cadre du plan climat-air-énergie (PCAET) et de la stratégie bas carbone de la France.
- Développer un modèle économique durable, réduisant la dépendance aux combustibles fossiles dont les prix varient selon le contexte économique et géopolitique.
- Créer des emplois locaux liés à l’exploitation de la station.
- Encourager le déploiement de technologies similaires sur les 18 autres UVE d’Île-de-France et au-delà.
Qu’est-ce qui rend la station d’hydrogène H2 Créteil unique ?
Pionnière dans son approche, la station H2 Créteil va bien au-delà de la simple production d’hydrogène. Elle met un point d’honneur à réduire son impact écologique, à optimiser son efficacité et à étendre ses solutions à grande échelle. Véritable catalyseur, elle aspire à être un modèle d’économie circulaire, une source d’inspiration pour d’autres projets similaires. Découvrez ce qui la rend si singulière.
La plus grande station d’hydrogène vert en France
La station H2 Créteil est la première installation à produire de l’hydrogène vert à partir d’une Unité de valorisation énergétique (UVE) de déchets. Avec ses 2,9 MWc, elle est la plus puissante de sa catégorie dans le pays. Conçue pour évoluer, cette station est prête à répondre aux futures demandes énergétiques et technologiques. Il est d’ores et déjà prévu de doubler sa capacité de production, passant ainsi à 2 tonnes d’hydrogène vert par jour, et de diversifier ses usages.
Le lancement de la construction, officialisé par la pose de la première pierre le 10 juin dernier, marque un tournant décisif pour la filière de l’hydrogène en France.
H2 Créteil au cœur du chantier de modernisation de l’UVE
La station H2 Créteil ne se limite pas à la production d’hydrogène vert : elle s’inscrit pleinement dans le vaste projet de modernisation de l’UVE de Créteil. Créée en 1977 et gérée par le Syndicat mixte de traitement des déchets urbains du Val-de-Marne (SMITDUVM) en partenariat avec SUEZ depuis 2018, l’UVE verra sa capacité de traitement considérablement augmentée pour valoriser jusqu’à 345 000 tonnes de déchets par an.
À terme, elle comprendra :
- 3 lignes de traitement pour les déchets ménagers, déchets d’activités économiques, déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI) ;
- Un réseau de chaleur capable d’alimenter jusqu’à 37 000 foyers du Val-de-Marne ;
- Un système de captage du CO2 des fumées de combustion, grâce à des puits de carbone à base de microalgues ;
- Une unité de production d’électricité verte ;
- Une serre d’agriculture urbaine de 4 500 m² dédiée à la culture de tomates en circuit court, et une serre pédagogique pour les citoyens et les groupes scolaires chauffées grâce à la récupération de la chaleur résiduelle, dite « fatale », issue du processus d’électrolyse.
Technologie PEM : le procédé d’électrolyse de l’eau
La station H2 Créteil est équipée d’un électrolyseur utilisant la technologie PEM (Proton Exchange Membrane) qui facilite la séparation des molécules d’eau sous l’effet d’un courant électrique.
Concrètement, voici comment cela fonctionne :
- Un courant électrique provenant de l’Unité de valorisation énergétique de Créteil est appliqué entre les 2 électrodes de l’électrolyseur, l’anode (borne positive) et la cathode (borne négative).
- Sous l’effet du courant, les molécules d’eau (H₂O), composées donc de 2 atomes d’hydrogène et d’un atome d’oxygène, sont dissociées.
- La membrane PEM, située entre les électrodes, permet aux protons d’hydrogène (H⁺) de traverser, mais bloque le passage des autres particules.
- Ces électrons suivent un circuit externe pour rejoindre la cathode, où ils se recombinent avec les protons pour former de l’hydrogène gazeux (H₂).
- L’hydrogène est stocké dans des réservoirs, injecté dans le réseau de gaz ou converti en électricité grâce au système de la pile à combustible.
Bon à savoir
Un électrolyseur et une pile à combustible fonctionnent sur des principes opposés, mais complémentaires. L’électrolyseur sépare les molécules d’eau pour produire de l’hydrogène et de l’oxygène, tandis que la pile à combustible utilise l’hydrogène pour produire de l’électricité, de l’eau et de la chaleur.
Hydrogène vert versus hydrogène gris, bleu ou jaune
En somme, ce qui fait d’H2 Créteil un projet véritablement unique, c’est son engagement à produire de l’hydrogène entièrement décarboné. Contrairement à la majorité de la production d’hydrogène en France, où 94 % reposent sur des énergies fossiles, H2 Créteil se démarque par l’utilisation exclusive d’électricité renouvelable. Cela en fait un modèle de durabilité dans un secteur encore largement dominé par le gaz, le charbon et les hydrocarbures. (1)
Selon son origine et sa méthode de production, l’hydrogène est classé par couleur.
- Hydrogène gris : produit par procédé thermochimique à partir d’énergies fossiles (charbon ou gaz naturel).
- Hydrogène bleu : similaire à l’hydrogène gris, mais avec un captage du CO2 émis en vue d’un stockage et d’une réutilisation.
- Hydrogène jaune : fabriqué par électrolyse, comme l’hydrogène vert, mais en utilisant de l’électricité principalement d’origine nucléaire.
- Hydrogène vert : produit par électrolyse en utilisant uniquement de l’électricité renouvelable (biomasse, panneaux solaires, éoliennes ou hydroélectricité).
Bon à savoir
En produisant de l’hydrogène vert, H2 Créteil évitera le rejet dans l’atmosphère de l’équivalent de 1 500 tonnes de CO2 par an. (2)
Enjeux et perspectives de l’hydrogène vert en France
L’hydrogène vert est en plein essor en France. Comme pour le solaire et l’éolien, le gouvernement fonde beaucoup d’espoir sur ce vecteur énergétique pour décarboner le secteur du transport, de l’industrie et des énergies au sens large.
Atteindre la neutralité carbone d’ici 2050
L’hydrogène vert représente un levier essentiel pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, un objectif central de la stratégie énergétique française. En décembre 2020, l’État a dévoilé une feuille de route axée sur 3 priorités : décarboner l’industrie, développer les mobilités lourdes à l’hydrogène, et soutenir la recherche. La France prévoit ainsi d’installer 6,5 GW d’électrolyseurs d’ici 2030 pour produire de l’hydrogène bas carbone à grande échelle. (1)
Actuellement, la production d’hydrogène industriel en France, qui dépasse 900 000 tonnes par an, génère 11,5 Mt de CO2, soit environ 3 % des émissions nationales. (1) Utiliser de l’hydrogène vert s’impose donc comme une évidence pour réduire l’impact environnemental de cette production industrielle.
Baisse des coûts des électrolyseurs
La baisse des coûts des électrolyseurs, divisés par 4 depuis 2010, stimule la croissance de l’hydrogène vert, ouvrant la voie à de nouveaux marchés, notamment dans l’industrie et les transports lourds. Actuellement, les coûts de production de l’hydrogène par électrolyse varient entre 4 et 6 €/kg, mais pourraient chuter à 3 voire 2 €/kg d’ici 2028, le rendant compétitif face aux sources fossiles. (1)
Pour soutenir cette expansion, il sera nécessaire d’étendre les infrastructures de recharge, particulièrement pour les véhicules lourds. La France investira 7 milliards d’euros dans le développement de cette filière, avec un accent sur l’hydrogène décarboné et renouvelable, renforçant ainsi son rôle dans la transition énergétique. (1)
Diversifier les usages de l’hydrogène vert
L’hydrogène vert est aujourd’hui principalement destiné à la mobilité lourde, comme les bus, camions, trains et flottes fluviales. Cependant, il présente un potentiel considérable pour décarboner des secteurs industriels comme la verrerie, la sidérurgie, et la cimenterie, qui sont d’importants consommateurs d’hydrogène.
L’UVE de Créteil illustre parfaitement la diversification des usages de l’hydrogène vert et l’optimisation des ressources. Avec H2 Créteil, elle produira de l’hydrogène à partir de l’électricité issue de la valorisation des déchets, et alimentera ainsi une flotte de véhicules lourds. Elle génère de l’électricité verte, fournit de la chaleur pour le réseau urbain et pour des serres destinées à la production locale.
En conclusion, rappelons les nombreux avantages offerts par la station H2 Créteil :
- Électricité bas carbone et mobilité zéro émission, avec des synergies potentielles avec d’autres installations vertueuses telles que les éoliennes, les panneaux solaires ou la biomasse ;
- Faible coût énergétique grâce à l’utilisation d’énergies renouvelables locales ;
- Indépendance énergétique des territoires, en réduisant la dépendance aux énergies fossiles importées ;
- Absence de gaz à effet de serre et de particules. Un véhicule à hydrogène ne rejette que de l’eau, contribuant ainsi à une meilleure qualité de l’air ;
- Aucune nuisance sonore ;
- Grande autonomie des véhicules (jusqu’à 700 km) ;
- Chargement rapide (5 à 10 minutes), comparable à un plein de carburant traditionnel ;
- Contribution aux objectifs régionaux climat-air-énergie ;
- Création d’emplois durables, stimulant l’économie régionale tout en favorisant la transition énergétique.
(1) Source : ministère de la Transition écologique.
(2) Source : groupe SUEZ.